Le stade des compétitions internationales

À partir des années 1980, chaque grosse rénovation répond à un besoin d’organisation de compétitions internationales. Toujours plus moderne et monumental, Geoffroy-Guichard apparait parfois surdimensionné pour l’actualité du club local.

Dès 1979, le président Roger Rocher présente un projet de « grand stade ». Il veut en effet aller encore plus haut avec l’ASSE et il a besoin d’une infrastructure qui accueille plus de public et rapporte plus de revenus. Ce projet prévoit la nouvelle enceinte pour 1982 à la fois pour le club, mais aussi pour l’équipe de France ainsi que l’organisation de grands événements : la France candidate en effet pour accueillir le championnat d’Europe des nations 1984 et la Coupe du monde 1990.

Le nouveau Geoffroy-Guichard contiendrait 55 000 spectateurs et serait équipé d’un nouvel étage à chaque tribune existante. Le terrain d’entrainement derrière la tribune Sud deviendrait lui un petit stade. Le président visionnaire des Verts prévoit également des « Bistrots des Verts » et une « Brasserie des Verts » afin de diversifier les recettes de la billetterie. Trop cher aux yeux de la municipalité, projet retoqué.

Le stade de l’Euro 84

Le stade en travaux en 1983 avant d'accueillir l'Euro. Photo archives Progrès

Le stade en travaux en 1983 avant d'accueillir l'Euro. Photo archives Progrès

La tribune Pierre Faurand aménagée pour l’Euro 84. Photo archives Progrès

La tribune Pierre Faurand aménagée pour l’Euro 84. Photo archives Progrès

Le projet revient quelques années plus tard. La France a en effet été officiellement choisie pour organiser l’Euro 1984 et Saint-Etienne évidemment, en tant que place forte du football français, accueille deux matchs : Roumanie-Espagne et surtout France-Yougoslavie, un match resté dans les mémoires avec trois buts de Michel Platini, ancien joueur stéphanois de 1979 à 1982, pour une victoire aux forceps 3-2.

Michel Platini avait régalé les spectateurs en inscrivant trois buts. Photo archives Progrès

Michel Platini avait régalé les spectateurs en inscrivant trois buts. Photo archives Progrès

La vieille tribune d’honneur, blanche et en béton, est détruite. C’était le dernier édifice originel du stade de 1931… Le bâtiment administratif, construit seulement 10 ans auparavant, subit le même sort et ce choix suscite discussions et débats au Conseil municipal comme dans la rue. L’aspect visuel est conservé : tous les architectes candidats ont bien prévu de garder le style à l’anglaise avec ses quatre tribunes séparées. Le cabinet Canivet et associés remporte le concours et fait travailler quatre entreprises locales : la Société forézienne d’entreprise, Lanternoz, Thinet et Compagnie, et la Société nouvelle des établissements Stribick. Les travaux se déroulent de décembre 1982 à février 1984. Le nouveau stade présente plus de places assises dans la nouvelle tribune d’honneur et sur le premier niveau nouvellement créé des tribunes Nord et Sud. La toiture de cette dernière devient transparente, en plexiglas, pour favoriser le dégel par le soleil hivernal. Touche de modernité, le panneau d’affichage devient électronique. Seule la tribune Henri Point reste intacte, elle n’a qu’une quinzaine d’années…

Le stade vu du ciel dans sa configuration pour l'Euro 84. Photo archives Progrès

Le stade vu du ciel dans sa configuration pour l'Euro 84. Photo archives Progrès

Les quatre tribunes sont désormais baptisées. La tribune d’honneur devient la tribune Pierre-Faurand. Celui-ci est l’ancien président du club de 1952 à 1959, et décédé en 1977, avec qui le club a gagné ses premiers titres : coupe Drago et championnat de France. Plus tard, en 2003, une partie des gradins est renommée du nom de Roger Rocher, emblématique président de 1962 à 1982. La tribune Sud s’appelle désormais Jean-Snella du nom de l’ancien entraineur qui a probablement « fait » le club à partir de 1950 jusqu’en 1959 puis de 1963 à 1967. En face, la tribune Nord est renommée Charles-Paret, l’ancien secrétaire général du club, l’homme de l’ombre et pourtant si important à l’instar de Jean Snella, qui a occupé le poste de 1950 jusqu’à son décès en 1977. La tribune Henri-Point, nommée ainsi en hommage à un dirigeant de Casino en 1938, ne change évidemment pas.

C’est dans cette configuration que le record d’affluence du stade est battu avec 47 747 spectateurs à l’occasion de la venue de Lille en quart de finale de la Coupe de France 1985. L’ASSE est alors en 2e division… Le paradoxe est là, le stade n’a jamais été aussi moderne alors que le club est au creux de la vague, bien loin du faste des années 1960 et 1970.

La Coupe du monde 1998

La nouvelle tombe en 1992 : la France est chargée de l’organisation de la Coupe du monde 1998. A cette occasion, les abords sont revus : parking, bâtiments, voirie… Les images des fumées d’usines appartiennent au passé, disparues avec la crise métallurgique des années 1970 et 1980. Les architectes sont Dominique Berger et André Jallon. Ils conservent toujours le stade à l’anglaise avec ses quatre tribunes indépendantes. Avec les normes de l’UEFA, il est désormais impossible de faire la transhumance entre les tribunes à la mi-temps afin de mieux voir les cages bombardées par les attaquants stéphanois… C’est aussi la fin des places debout et les kops sont équipés de « fessiers » où les ultras (Magic-Fans en Charles Paret et Green Angels en Jean Snella) se tiennent… debout !

A cause de cette transformation, la capacité de l’enceinte diminue à 36 000 personnes et les supporters sont mécontents. Surtout qu’en 1998-1999, l’ASSE remonte en 1ère division et Geoffroy-Guichard se remplit.

Les Verts retrouvent l'élite lors de la saison 1998-1999. Pour le plus grand bonheur des supporters. Photo archives Progrès

Les Verts retrouvent l'élite lors de la saison 1998-1999. Pour le plus grand bonheur des supporters. Photo archives Progrès

La moyenne des spectateurs dépasse les 30 000 pendant plusieurs saisons et on s’interroge sur la jauge, peut-être trop modeste. La tribune Henri-Point est en chantier et gagne un niveau, supporté par une armature métallique à l’arrière et non plus par des poteaux qui gâchent la vue. L’éclairage change : les quatre pylônes de l’Allemand Ott sont remplacés par des lampes bien plus puissantes accrochées à la toiture des tribunes. La façade du bâtiment administratif sur la rue de la Tour change également. La couleur orange des années 1980 laisse la place à un vert plus intégré et discret. Le terrain est rallongé à 122 mètres, entouré d’un grillage de huit mètres de haut.

Les supporters yougoslaves avaient rallié la Loire pour encourager leur équipe contre l'Iran. Photo archives Progrès

Les supporters yougoslaves avaient rallié la Loire pour encourager leur équipe contre l'Iran. Photo archives Progrès

C’est dans cette configuration que le vieux Geoffroy-Guichard accueille six matchs : Yougoslavie-Iran, Chili-Autriche, Espagne-Paraguay, Ecosse-Maroc, Pays-Bas-Mexique et le légendaire Argentine-Angleterre marqué par le fameux but de Mickaël Owen.

Les tribunes étaient bien garnies pour les matchs de Coupe du monde en 1998. Photo archives Progrès

Les tribunes étaient bien garnies pour les matchs de Coupe du monde en 1998. Photo archives Progrès

Un nouveau stade ?

Pour accueillir l'Euro 2016, le stade a du subir quelques modifications. Photo archives Progrès

Pour accueillir l'Euro 2016, le stade a du subir quelques modifications. Photo archives Progrès

Les engins étaient à pied d'ouvre pour terminer dans les temps. Photo archives Progrès

Les engins étaient à pied d'ouvre pour terminer dans les temps. Photo archives Progrès

Les virages ont été fermés à la suite de ces travaux. Photo archives Progrès

Les virages ont été fermés à la suite de ces travaux. Photo archives Progrès

Même à l'extérieur du stage, les échafaudages étaient installés. Photo archives Progrès

Même à l'extérieur du stage, les échafaudages étaient installés. Photo archives Progrès

La qualification de l’ASSE en coupe Intertoto en 2005 oblige à des travaux de remises aux normes de l’UEFA. L’enceinte est désormais gérée par Saint-Etienne Métropole depuis 2001, preuve que le club et son stade ne concerne plus uniquement la ville et ses habitants mais va bien au-delà. Le club a déménagé dans son siège administratif de l’Etrat et les anciens bureaux libérés sont transformés en salles de réception.

A partir de 2001, le stade est géré par Saint-Etienne Métropole. Il accueille d'ailleur le match de rugby France Fidji. Photo archives Progrès

A partir de 2001, le stade est géré par Saint-Etienne Métropole. Il accueille d'ailleur le match de rugby France Fidji. Photo archives Progrès

En 2006, la direction du club émet l’idée de construire un nouveau stade à Andrézieux-Bouthéon. C’est un tollé dans l’opinion publique. Les supporters tiennent à leur stade et à son nom. Un autre projet est discuté en 2009. Cette fois-ci, il s’agirait de construire à côté du Musée d’art moderne, il y a de la place. 50 000 places pour 200 millions d’euros. Les supporters manifestent, l’idée est enterrée.

Le stade Geoffroy Guichard avait été retenu pour accueillir la compétition. Photo archives Progrès

Le stade Geoffroy Guichard avait été retenu pour accueillir la compétition. Photo archives Progrès

Finalement, Saint-Etienne Métropole décide de rénover Geoffroy-Guichard. Saint-Etienne va accueillir quatre matchs de l’Euro 2016 : Portugal-Islande, République Tchèque-Croatie, Slovaquie-Angleterre et Suisse-Pologne en 8e de finale.

Les Islandais avaient rempli les tribunes du chaudron avec leur célèbre "clapping". Photo archives Progrès

Les Islandais avaient rempli les tribunes du chaudron avec leur célèbre "clapping". Photo archives Progrès

L’équipe composée de Léon Grosse, Chaix et Morel est chargée de la rénovation. Cette fois-ci, le stade change visuellement et perd en partie son identité : les tribunes ne sont plus séparées mais les virages bouchés.  Le stade s’entoure d’un bardage grillagé de couleur grise. Le chantier dure de mai 2011 à décembre 2014 et ramène la capacité à 42 000 places pour un budget de 75 millions d’euros.

L'ASSE est le premier club français à ouvrir son musée. Photo archives Progrès

L'ASSE est le premier club français à ouvrir son musée. Photo archives Progrès

Le musée des Verts est aménagé et ouvre fin 2013. Les tribunes ferment les unes après les autres et l’équipe entrainée par Christophe Galtier joue dans un environnement en travaux. Cela n’a pas empêché les succès (Coupe de la Ligue, qualification en Coupe d’Europe) et un autre âge d’or. Il faut dire que jouer dans un stade en chantier, les footballeurs stéphanois y sont habitués depuis près de 60 ans…